Prélude 02 – Je ne suis pas un chiffre

Diane Cause Musique – Le livre lu sur YouTube

Prélude – Épisode 02 –  Je ne suis pas un chiffre

Chaque vendredi, un épisode de mon livre « Diane Cause Musique » est publié sur ma chaîne YouTube. J’y cause métier, industrie, expérience et des sentiments que m’inspire toute une vie chantée…

La facilité de lecture est de règle dans les Lettres depuis le règne de la hâte générale et des feuilles qui entraînent ou harcèlent ce mouvement.

Tout le monde tend à ne lire que ce que tout le monde aurait pu écrire. Paul Valéry 1936

Le commerce de la musique est une forme de langage. Le nombre des reproductions d’une œuvre parle beaucoup plus à l’oreille tendue des médias que l’œuvre originale, dont l’intérêt suprême se mesure à la quantité de copies mises en circulation. C’est par son succès et la popularité de son instigateur, que s’expriment à notre époque la valeur d’une chanson. Le propos, la forme disparaissent derrière l’écran des fumées de la gloire ou passent inaperçus dans l’ombre du tableau.

Il suffit d’observer la manière dont on présente généralement un artiste invité sur un plateau de télévision pour se convaincre du peu d’importance accordé à son travail. « Avec plus de 3 millions d’albums vendus, 12 numéros 1 au palmarès, récipiendaire de 5 disques de platine, de 10 Félix et 3 Victoires de la musique, c’est un honneur de l’accueillir, Mesdames et Messieurs… » Applaudissements ! Sans jamais laisser échapper la moindre allusion à la personnalité de l’artiste ou à la nature de son art, tout est dit. Le vaste monde de la musique s’étend des grottes de Hohle Fels * au Super Bowl * en passant par la vallée du Méandre * et pourtant, de son peuple de musiciens, de ses paysages sonores, notre société ne retient que la petite mélodie sonnante et trébuchante des chiffres.

« Je ne suis pas un numéro. Je suis un homme libre ! » hurlait Patrick Mc Goohan alias numéro 6 au générique de la série télévisée « Le Prisonnier » en 1967. Dans notre monde bien réel nous ne sommes pas des numéros, nous sommes des chiffres sur une grille de statistiques. L’artiste occupe son rang et plus le chiffre est élevé moins il est important au sein de la hiérarchie du Village. Ne pas figurer sur la liste condamne l’œuvre à l’oubli, l’artiste à la marginalisation et ses efforts à la peine capitale. Les limites à sa liberté ne tiennent qu’à lui. Son niveau au classement des hommes dépend des hommes. L’équilibre entre ces deux mesures marque le seuil de la reconnaissance, ce leurre qui fait courir l’humanité toute entière.

« Je ne suis pas un chiffre. Je suis une artiste libre ! » Libre… oui… de poster une chanson en ligne à tout moment. Rien de plus facile. N’importe qui peut injecter n’importe quel fluide dans l’organisme social planétaire qu’est devenu le réseau internet. Un peu plus difficile : attirer l’attention et une grande quantité de coups de pouces levés sur sa production personnelle. Beaucoup plus compliqué : monétiser la chanson, son fluide, l’attention, la production sans oublier les pouces levés. Qu’il s’agisse de comprendre les rouages du business, de percer les secrets de la création, de construire des ponts entre la chambre de l’artiste et la place public, tous les dispositifs m’intéressent.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s