Prélude 05 – Artiste et artisan

Diane Cause Musique – Le livre lu sur YouTube

Prélude – Épisode 05 –  Artiste et artisan?

Chaque vendredi, un épisode de mon livre « Diane Cause Musique » est publié sur ma chaîne YouTube. J’y cause métier, industrie, expérience et des sentiments que m’inspire toute une vie chantée…

Dernier épisode du chapitre Prélude. Artiste, ce n’est pas un métier. Vivre de son art n’est pas gagné, c’est une chance. Une chance sur 1 000,10 000, 100 000…

Ces environs d’une œuvre lue, ce sont les profondeurs de celui qui la lit ; elles s’éveillent ou s’émeuvent en chacun par les différences et les concordances, les consonances qui se déclarent de proche en proche entre ce qui est lu, et ce qui était secrètement attendu.  Paul Valéry 1936

Vivre exclusivement de son art c’est l’exception, la règle étant le statut précaire de l’artiste. On peut légitimement s’interroger sur la notion de « métier d’artiste » lorsqu’une main-d’œuvre de talent alimente en marchandises les commerçants contre la promesse d’un petit pourcentage des bénéfices si avérés. Ces ouvriers de l’art, de plus en plus nombreux, créent par passion et sans bon de commande en provenance des marchands que la concentration capitaliste raréfie. La cession des droits de l’artiste – action ou acte de céder, d’abandonner quelque chose à quelqu’un volontairement ou non * – établie le rapport entre le pouvoir de création et la force de vente amorçant ainsi la relation entre l’artiste et son concessionnaire.

À l’inverse, l’artisan travaille pour son propre compte. Il ne concède pas le fruit de son labeur contre un revenu potentiel. Il le vend au prix du marché conclu. Solitaire, indépendant, intransigeant, il ne laisse aucun commerce porter atteinte à sa liberté, limitant les mandats alimentaires au stricte minimum vital. Idéalement, son libre arbitre domine ses ambitions. Il trime un peu, beaucoup, passionnément, souvent pour pas grand-chose mais il trime pour lui-même, selon ses envies et en fonction de ses besoins. C’est le modèle que j’applique à ma situation matérielle.

On ne peut comparer le cas d’une artiste de ma génération avec celui d’une débutante. L’une gère le patrimoine à son actif, l’autre son capital développement. Se lancer dans la musique en 1977 ou en 2017, c’est s’exercer à deux métiers différents. Dans les années 70, pas d’entrée en piste sans permis de conduire. Aujourd’hui, une vidéo tournée dans une cuisine peut atteindre des millions de personnes. Les trente glorieuses de notre industrie (1970-2000), suivies des 15 années de crise, pour les avoir vécues, ne m’inspirent aucune nostalgie particulière. Nous étions peut-être moins nombreux à projeter nos aspirations de jeunesse dans la nature mais le monde n’était pas moins cruel hier qu’il ne l’est aujourd’hui. C’était mieux avant et c’est encore mieux maintenant pour les talents les plus rentables et leur entourage. La sélection industrielle et le triage commercial ne datent pas d’hier. Les lois universelles ne sont pas toutes morales. Les temps changent, les hommes s’adaptent. Je m’ajuste sans cesse aux bons et aux mauvais penchants de notre époque. Je passe des nuits entières à tout mettre à jour. À l’appel du futur je réponds toujours : présent. L’air du temps, ça ne se refuse pas.

Énergie contre expérience, il existe des similitudes entre la demoiselle que j’étais en 1977 et un jeune artiste d’aujourd’hui, entre celle que je suis maintenant et celui qu’il deviendra dans 40 ans. Je prends l’écrit comme on prend la parole, pour dire avec un peu plus de mots des choses qui pourraient servir à quelques-uns d’entre ceux qui rêvent de faire carrière dans la musique. Comme le dit si justement Paul Valéry dans Variété : ces environs d’une œuvre lue, ce sont les profondeurs de celui qui la lit ; elles s’éveillent ou s’émeuvent en chacun par les différences et les concordances, les consonances ou les dissonances qui se déclarent de proche en proche entre ce qui est lu, et ce qui était secrètement attendu.

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Images et Textes : Diane Tell

Thème Musical : Debussy – Six Épigraphes Antiques – L’orchestre de la Suisse Romande & Kazuki Yamada (Arrangement pour orchestre de E.Ansermet – Licence accordée par Pentatone Music (Netherlands)

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