Diane Cause Musique – Le livre lu sur YouTube
Prélude – Épisode 03 – La louve et la meute
Chaque vendredi, un épisode de mon livre « Diane Cause Musique » est publié sur ma chaîne YouTube. J’y cause métier, industrie, expérience et des sentiments que m’inspire toute une vie chantée…
Troisième épisode. Un artiste peut-il faire plier les codes de l’industrie? Son indépendance le condamne-t-il systématiquement à la marginalisation? Qu’en disent les experts? Qu’en pensent les étudiants? Auditeur libre d’un cours de l’UQAM, la louve sort de sa tanière, la suite vendredi 22 septembre…
Les œuvres acquerront une sorte d’ubiquité. Leur présence immédiate ou leur restitution à toute époque obéiront à notre appel. Elles ne seront plus seulement dans elles-mêmes, mais toutes où quelqu’un sera, et quelque appareil.
Elles ne seront plus que des sortes de sources ou des origines, et leurs bienfaits se trouveront ou se retrouveront entiers où l’on voudra. Paul Valéry 1931
Curieusement, je participe peu aux ateliers, aux forums et aux tables rondes sur l’industrie. Je ne donne pas de conférence, n’ai jamais été membre d’un conseil d’administration, assiste rarement aux assemblées générales des sociétés auxquelles j’appartiens et n’aime pas signer les pétitions. Je ne m’explique pas ce comportement de louve solitaire. Je constate simplement être restée à l’écart de la meute. Dans un laboratoire d’idées, n’est-ce pas la notoriété d’un artiste qui fait de lui un spécimen recherché ? Sa lucidité sur les questions traitées peut-elle avoir un effet autre que secondaire ? Ceci dit, les sociétés pionnières de gestion collective des droits d’auteurs résultent de l’initiative d’artistes. En France la société des auteurs dramatiques (actuelle SACD) fut fondée en 1777 par Beaumarchais. Ernest Bourget, Paul Henrion et Victor Parizot sont à l’origine de la SACEM créée en 1851. Au Québec, Luc Plamondon, Diane Juster et Lise Aubut ont contribué en 1985 à la création de la SODRAC, « à ce jour la seule société d’auteur en droit de reproduction en Amérique du Nord ». *
Je préfère l’écrit, la lecture, la réflexion et le silence au raffut, mais cela ne m’empêche pas d’être loquace et de sortir souvent de ma réserve pour rejoindre ma tribu à l’occasion d’un grand pow-wow ou d’un échange tonique en petit comité.
Lors d’un séjour au Canada en 2016, j’ai été conviée au cours « Technologies des médias socionumériques » de l’excellente journaliste et chroniqueuse Catherine Mathys à l’Université du Québec à Montréal. Ce matin-là, Guillaume Déziel était invité à exposer ses vues sur l’édition musicale, le concept Creative Commons et la mise en marché de la culture à l’ère du numérique. Consultant, conférencier, co-auteur d’un mémoire sur « Le virage numérique au Québec (secteur musique) » *, autoentrepreneur, gérant et éditeur du groupe Misteur Valaire durant des années, Guillaume s’est forgé une réputation d’expert dans le domaine de l’industrie de la musique.
Sur l’incitation de Misteur Déziel, Catherine, les étudiants et moi pouvions l’interrompre à tout moment pour commenter ou poser une question, ce que nous fîmes volontiers une fois franchies les grandes lignes de son exposé. J’ai enregistré le cours d’une heure trente en entier pour ne pas en perdre une miette. Les idées évoquées mises à part, je suis frappée à la relecture par le vocabulaire de Guillaume face à un parterre d’étudiants en communication pas forcément familier avec le langage spécifique à notre profession. Exemples : clé de répartition, domaine public, droits de synchronisation, copie privée, bande maîtresse, agrégateur, distributeur, phonogramme, creative commons, crowdfunding, copyright, Facebook edge rank, big data, indies, mastering, SOCAN SACEM, ADAMI, ARTISTI, SODEC, CALQ, SOPROQ, Dare to Care, Deeezer, BandCamp, DEP, Audiogram, SoundScan… Comment ne pas se perdre dans ce lexique d’initiés ? Peut-on traiter d’une matière sans avoir recours aux termes d’usage ? Un petit quart d’heure avant la fin du cours, une étudiante leva la main timidement et posa la question suivante : « C’est quoi un label ? » Les bras m’en tombent encore. Si l’esprit de cette jeune femme se cogne au mur du sens d’un terme aussi simple que Label, on peut se demander ce que la classe d’apprentis communicants a bien pu comprendre à notre charabia « musinuméricomédiatique ». La vulgarisation est un art foncièrement difficile à maitriser. Je me suis fait une petite note : lexique complet à inclure sans faute à mon ouvrage.
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Images et Textes : Diane Tell
Thème Musical : Debussy – Six Épigraphes Antiques – L’orchestre de la Suisse Romande & Kazuki Yamada (Arrangement pour orchestre de E.Ansermet – Licence accordée par Pentatone Music (Netherlands)