La chaine alimentaire de l’industrie de la musique enregistrée est un vaste sujet dont on cause depuis plus de 10 ans sur mon Blog, Diane Cause Musique.
Le point qui nous intéresse ici est la métamorphose du modèle d’affaire de l’industrie de la musique enregistrée depuis les années 80. Si les tendances musicales bouleversent périodiquement le petit monde des créateurs et son large public, qu’elles soient multiples, variées, classiques, éphémères, nichées dans la marge ou phénomènes planétaires, ces modes ont eu, jusqu’à nos jours, peu d’influence sur le modèle d’affaire de l’industrie. Au début des années 80, les maisons de disques gravaient les enregistrements d’œuvres de Mozart, Miles Davis ou des Sex Pistols sur des Vinyles ou K7 standardisés, des supports d’une durée de 30 à 40 minutes, les vendaient plus ou moins au même prix dans les rayons des mêmes points de vente. Seule la quantité d’unités faisait la différence.
Arrive le CD, support numérique développé par SONY et Phillips (1983), pas de quoi ébranler le système, au contraire, la diminution des coûts de fabrication et de distribution a engendré une augmentation des marges de profits.
Une petite vingtaine d’années plus tard, patatras, la vague Napster menace de faire chavirer le navire amiral des Majors, tout le monde sur le pont, on tire à gros boulets juridiques sur tout ce qui touche au sacro-saint copyright, les pirates capitulent entrainant dans leur chute le modèle d’affaire de toute une industrie.
Passons sur les 25 années qui nous séparent de cet épisode révolutionnaire et regardons en face la réalité de notre industrie.
Le petit film d’animation proposé ici a été conçu en s’inspirant des présentations power point produites par un chef de service pour son conseil d’administration dans le but d’exposer une situation préoccupante ou pas, selon sa position dans la chaine alimentaire. Sorte d’état des lieux sans commentaires. En 3 minutes, mon alter-robot et moi regardons le film et suivons le parcours du combattant de Bisounours, un artiste débutant dans les années 80, qui décennies après décennies, une équipe de collaborateurs après l’autre, se trouve scotché tout en bas de cette chaine, quoi qu’il fasse, quelle que soit l’évolution des règles du jeu.

En 2024, IFPI annonce les revenus mondiaux record de l’industrie de la musique enregistrée pour l’année 2023. Les plateformes de streaming ingurgitent chaque jour 120 000 nouveaux fichiers audio. De richissimes fonds d’investissements font l’acquisition de trésors de catalogues musicaux à des prix exorbitants. Les artistes les plus populaires de la planète affichent des valeurs nettes annuelles frôlant ou dépassant le milliard de dollars.
Oui, on peut affirmer que ce nouveau « Business model » a tout changé.
Food for thought.